04 juillet, 2006

Girls just wanna have fun!?

J’ai passé un w-e passablement occupé à Dakar. Vendredi après le boulot, j’avais rendez-vous avec Adji pour aller au marché Sandaga, un des plus gros de Dakar, au centre. Je m’y étais déjà aventurée une fois avec Évelyne, un dimanche après-midi (erreur!) pendant un match de foot (re-erreur!). 2 boutiques sur 3 étaient fermées et nous étions les seules clientes, toubab (blanches, étrangères) de surcroît!! Ils ont vite flairé la bonne affaire!! Impossible de se promener tranquilles, de fouiller, de flâner comme on a envie de le faire le dimanche après-midi au marché!

J’ai donc remis ça vendredi, me disant qu’avec Adji, ce serait différent… et différent ce fut! On n’a pas échappé au « guide auto-proclamé » qui nous assaille avant qu’on ait mis le pied hors du taxi, mais je me sentais beaucoup moins vulnérable avec mon amie. Il veut nous emmener dans sa boutique, nous explique où c’est (évidemment il a les plus beaux tissus et les meilleurs prix du monde entier!), Adji lui dit que c’est la boutique de son oncle dont il parle, le gars ne la croit pas… et pourtant, c’était bel et bien la boutique de son oncle! (Il sera judicieux de préciser qu’ici tout le monde est l’oncle-neveu-cousin-du-pot-au-beurre de la fesse gauche de tout le monde!) Je trouve ce que je cherche, ou à peu près, on demande les prix. Ouch! Vraiment, mais vraiment trop cher! Même au Québec on aurait trouvé ça cher!

Adji, commence à discuter (en Wolof, j’y comprends rien! Mais je sens que le ton monte et que les prix ne descendent pas très vite- ils disent les chiffres en français)… Adji commence à perdre patience, elle s’énerve! J’aimerais tant avoir la traduction simultanée!! Ça dure facilement une quinzaine de minutes! L’oncle en question passe par là, demande ce qui ne va pas, et dit à son employé d’accepter le prix d’Adji! Et v’lan! L’employé me dit à 2 reprises qu’Adji défend bien mes intérêts… moi, je ne demande qu’à le croire!

À la sortie de la boutique, elle me dit que le mec lui disait d’arrêter de négocier, qu’en tant que Toubab je peux bien payer un peu plus cher!!! Adji était hors d’elle! Elle connaît les prix des tissus (c’est son pain et son beurre!) et elle n’acceptait pas que je paye plus que le prix du marché juste parce que je suis blanche! De retour à la maison, elle avait la même fouge quand elle a raconté l’incident à Malick (son mari)!!

Après le souper, j’ai accompagné Adji pour acheter du poisson. Je n’ai malheureusement pas de photos à vous montrer (pas osé en prendre!), mais je vais tenter de vous décrire la scène… Tout à côté de chez moi, il y a un boulevard important… c’est LA route pour sortir de Dakar. Beaucoup, beaucoup de circulation!!! 2 voies dans chaque direction, séparées par un terre-plein en sable, large de 1 mètre ½ environ avec de petits garde-fous. Et là, sur le terre-plein et sur le bas côté du boulevard, sur une bâche, à même le sol : le poisson! Entier! Des gros, des petits, des longs, des ronds, des rouges, des blancs… Les femmes (car il n’y a pratiquement que des femmes au marché) sont assises par terre ou sur un banc et vendent leur marchandise.

Il était 21h15, il y avait foule! Adji choisit son poisson, en négocie le prix (farouche négociatrice cette fille!). La fille met le poisson dans un sceau en plastique, l’apporte un peu plus loin, à l’écart (pas juste de la foule, de la lumière aussi!) pour qu’il soit préparé. Une autre fille (jeune vingtaine maxi!) prend les poissons, les vide, enlève les écailles, la queue, à grands coups de machettes ou autres outils en bois qui semblent dater de Mathusalem (toujours accroupie, inutile de préciser!). Vous devriez les voir, elles vous vident un poisson dans le temps de le dire! Et les restes qui s'accumulent et s'empilent, à leurs pieds, à mesure que la journée passe...

J’ai essayé de m’imaginer avec mes amies à la place de ces femmes-là… pas sûre!!! Je ne pouvais que ressentir de l’admiration pour ces filles, ces femmes, assises là toute la journée, au soleil, bébé dans le dos, au milieu des poissons et des pots d’échappement des voitures, des autobus, des camions… à gagner leur pitance, jour après jour, dans des conditions qu’avec nos yeux occidentaux on qualifie d’inacceptables. Et ça rit, ça discute, ça s’agace… L’ambiance est à la fête! Pour ceux qui se le demandent, j’en ai mangé de ce poisson et je suis toujours en vie!!!

Gabrielle et Rosy sont arrivées en matinée samedi, pour passer le w-e à Dakar. On s’est offert une virée en ville pour aller faire quelques courses, bouquiner à la librairie (denrée rare ici!!) et à 17h00, nous étions invitées à accompagner Adji à une réunion d’une association de femmes impliquées en politique, le maire de Dakar y était attendu… c’est tout ce qu’on a réussi à saisir de la chose!

Dans ce genre de manifestation les femmes s’habillent toutes de la même façon, elles choisissent un tissu et se font faire des boubous (costumes traditionnels) dont les modèles peuvent varier, et Adji a eu le contrat pour en confectionner quelques uns. Mais on ne pouvait aller là sans nous-mêmes porter le costume traditionnel!

Elle nous a donc prêté chacune un de ses boubous! On a beau dire, on a beau faire, la sénégalaise a un petit je ne sais quoi qui nous manque… et en boubou ça ne pardonne pas! Est-ce leur teint? Leur démarche? Leur port de reine? Je ne sais pas, mais nous on fait un peu déguisées (à mon humble avis!). Mais on a joué le jeu et ce fut une expérience culturelle intéressante que de prendre part à l’événement.














Et la soirée ne faisait que commencer… car c’était soir de fête : celle de Gabrielle! Souper dans un resto italien, avec groupe capverdien live, suivi de « Kool Graoul », une soirée qui a lieu le premier samedi de chaque mois, en plein air, sur le bord de l’océan! On a dansé, on s’est bien amusé! Les autres coopérants canadiens étaient également de la partie.

Adji nous a accompagnées. J’étais contente, car j’ai l’impression que sa vie sociale se limite à sa famille et les amis et collègues de son mari. Elle a « demandé la permission » à Malick (ce sont ses paroles à elle!) et comme on a promis de rentrer en taxi avec elle, il a accepté qu’elle vienne. Et on l’a laissé à la maison avec les enfants!!!! (finalement, y'a pas que moi qui vis une expérience interculturelle dans cette histoire-là!!)

À 3h00, bien que la soirée battait son plein et ne faisait que commencer, malgré les amis qui voulaient qu’on reste, nous sommes parties, Gab et moi, honorant notre promesse. Adji m’a dit qu’elle ne pouvait pas rester plus tard. Si elle voulait que Malick accepte qu’elle sorte à nouveau, elle se devait de rentrer à l’heure prévue! Elle a 30 ans cette fille!!! Elle a avec son mari le même rapport que j’avais avec mon père quand j’avais 15 ans et que je sortais le samedi soir! Je comprends qu'elle craigne de rentrer seule en taxi si tard, moi non plus je n'aurais pas aimé, mais avoir peur de ne plus avoir de permission pour sortir! Ça fait réfléchir…


Dimanche, pour couronner un si beau w-e, spectacle quasi privé de nul autre que Youssou N’dour! Dans la cour arrière d’un hôtel, face à une piscine, sous les palmiers, au clair de lune : Youssou N’Dour « unplugeded »!

En faisant abstraction des téléphones qui sonnaient à tout moment (fréquent ici, même en pleine réunion!), des gens qui bavardaient sans arrêt, du fumeur de cigare juste devant nous, la soirée était tout simplement parfaite…

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Salut Gen,

Une chance sur un million ce spectacle "Unplugeded" de Youssou N’Dour. Sacrée chanceuse... Tu aurais essayé de planifier ça que ça n'aurais pas fonctionné.

De plus, je ne veux pas jouer les rabat-joie mais il semble que ça fêtent un brin des coopérants. Tes trois derniers blogs n'ont parlé que de bonnes bouffes, de musique, de boisson et de gens se couchant aux petites heures. Bah... Profites-en bien, on ferait pareil à ta place. Bien que l'on s'ennuie un peu de toi, on est vraiment pas mal pris avec le Festival d'Été.

A+
Jean-François

1:47 p.m.  
Anonymous Anonyme said...

Salut ma belle!

C'est un véritable plaisir de lire tes péripéties et de te suivre au jour le jour dans ton quotidien de toubab-coopérante-blanche-en-terre-africaine! Tu sembles profiter au maximum de cette belle aventure, et je suis vraiment impressionnée de la facilité avec laquelle tu semble t'être adaptée à ce mode de vie si différent et diamétralement opposé au modèle nord-américain! Tu es une véritable caméléon et une vraie Citoyenne du monde!

Je pars en vacances dans deux jours, alors je tenterai de m'éloigner un peu de l'ordi pendant quelques semaines, question de varier de ma routine habituelle... J'ai hâte au retour pour t'accueillir au bureau!

Bonne fin de parcours et portes-toi bien!

Julie
xx

9:24 a.m.  

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