17 août, 2006

Souvenirs d'Afrique

Me revoici en terre québécoise, avec dans la tête et le coeur de merveilleux Souvenirs d'Afrique. Fraîchement débarquée d'hier soir après 3 longues journées d'avion qui m'ont menée de Cape Town à Québec, le Sénégal et toute cette aventure africaine m'apparaissent être en effet comme un film que j'ai vu, ça semble déjà si loin... Étrange sensation...

J'ai poussé le périple au bout de l'Afrique en visitant quelques kilomètres (2200 en 9 jours!) de l'Afrique du Sud. Quel beau pays! Mais ce n'est pas l'Afrique, du moins pas celle que j'ai connue au Sénégal. C'est l'occident! À part dans les townships (l'équivalent des bidonvilles), tout est propre (des poubelles aux 100 mètres), en bon état (vous verriez les belles routes qu'ils ont!), organisé, je n'ai jamais tant vu de BMW en un même endroit! Mais si l'argent n'a pas d'ôdeur, il a certainement une couleur. Et en Afrique du Sud, il est blanc. Bien que l'Apartheid ait été officiellement aboli il y a plus de 15 ans, le pays porte toujours les cicatrices d'une histoire sombre encore très récente. Certainement qu'il faudra une génération (sinon plus) pour que l'équilibre se fasse entre blancs et noirs... et se fera-t-il un jour?



Vestige d'un temps révolu, pour que la mémoire n'oublie pas. (Est-ce cela la discrimination positive?)



Il y a 6,5 milliards d'humains sur terre, mais nous n'étions que 2 ce jour-là, bravant le vent et la grêle, la pluie et la tempête, pour fouler le point le plus au sud du continent africain. Le bout de l'Afrique quoi!

Le Cap Aghulas, la où se rencontrent l'Océan Atlantique et l'Océan Indien.







Le mythique Cap de Bonne-Espérance, lieu de naufrage de tant d'explorateurs du Nouveau Monde.




Une partie de Soweto, tristement célèbre township de Johhanesbourg, où s'entassent entre 3,8 et 4,5 millions de personnes et là où ont vécu (sur la même rue!) 2 prix Nobel: Nelson Mandela et Desmond Tutu.


C'est ainsi que se concluent les récits de Gen Ô Sen. Merci de les avoir suivis et commentés. Ce fut un plaisir de vous les partager.

Petite pensée pour mes ami(e)s Managers sans frontières toujours sur le terrain. Je pense à vous et continue de vous suivre de près d'ici.

À bientôt...

-FIN-

03 août, 2006

Tel est pris qui croyait prendre!

Pour souligner mon départ imminent de Dakar, avec Gab et Évelyne on avait prévu faire un souper ce soir (jeudi) avec les amis coopérants, Adji et Malick. Gab s'occupe des invitations.

Hier soir, je rentre de la formation en plaidoyer (3 longues journées un peu ardues mais somme toute fort enrichissantes) avec Malick (il travaille dans une organisation partenaire du CECI et participait à la formation) et il me dit qu'on rentre à Patte d'oie, mais que ce soir on soupe en ville! Je sens que je ne peux émettre aucune objection (mais pourquoi le ferais-je?) ni trop poser de questions... je suis bon joueur et me laisse porter.

Une fois que nous sommes prêts tous les 3, Adji me dit on va rejoindre Gab, elle vient avec nous, mais l'ignore! Ha! Ha! me dis-je en moi-même, on va bien la surprendre! Elle appelle Gab pour lui dire bonjour mais ne l'informe pas des plans. Une petite peur m'effleure l'esprit... il est passé 20h00, j'imagine Gab en pyjamas, à écouter la télé à la clim chez Évelyne, ayant déjà mangé... avec aucune envie de sortir comme ça, sans avertissement. Tellement, que je lui envoie presque un message SMS pour l'avertir de se préparer! Mais je renonce...

On se rend donc au Point E. La maison est sombre, presque fermée pour la nuit... c'est beau si les filles ne sont pas déjà au lit, pense-je!

Mais voilà qu'en m'approchant de la porte je vois sur le mur des ballons, des lettres... et je vois Dominique (l'autre coopérant de l'ANAFA) passer... Alors je ne peux que comprendre qu'on s'est bien payé ma tête et que finalement, c'est ce soir la fête!! Tout le monde est là, la maison est décorée, la bonne m'a cuisiné du Yassa au poulet (c'était ma dernière volonté!). Elles m'offrent même un magazine et des Sodoku pour m'occuper dans l'avion!!!


























Ce fut une très belle soirée, qui clot merveilleusement bien cette aventure au bout du monde. Depuis 1 an, j'ai connu des gens qui feront longtemps partie de ma vie... du moins je le souhaite.

Merci à tous d'avoir été sur ma route. Merci à Gab, la partenaire de voyage idéale. Je la rechoisis n'importe quand pour aller n'importe où. Adji et Malick, ma famille sénégalaise et à qui j'appréhende de dire aurevoir cette nuit...


En plus de tout le reste, ce blog fut une expérience magnifique pour moi. Merci de m'avoir lue, suivie, encouragée... Je fais un petit détour par l'Afrique du Sud (tant qu'à être ici, aussi bien en profiter) et je rentre ensuite au Québec riche et heureuse de ce défi relevé...

28 juillet, 2006

Ça sent la fin…

Quand on n’a coché tous les items sur notre liste de « to do », qu’on a relu, revu, corrigé et remis (!) tous les documents qu’on avait promis de pondre, quand on a eu notre rencontre d’évaluation avec nos patrons et la chargée de programme du CECI (positif sur toute la ligne, satisfaction garantie je vous avais dit!!), quand il ne nous reste plus qu’à finaliser notre rapport de stage, est-ce que ça veut nécessairement dire que notre mandat est terminé?!

Déjà… c’est que je n’ai pas vu le temps passé moi trop occupée que j’étais à remplir mon mandat et atteindre mes objectifs, à m’imprégner de la culture et à me faire des amis, à visiter, à faire les marchés, à chasser la coquerelle!

Aujourd’hui, dernière journée au bureau, mais les au revoir se feront la semaine prochaine. De toute façon, il ne semble pas y avoir grand monde ici ce matin. Je vais revenir faire une tournée jeudi prochain, entre 2 valises…

Ensuite, je devrai dire au revoir à Adji… qui est passée du statut de voisine à celui d’amie. Sans elle et sa famille, ce séjour aurait été tout autre. Je n’aurais pas autant profité, savouré, compris la culture, la société. Ce fut une chance inouïe qu’elle soit là et qu’on s’entende si bien! Si un jour vous avez l’occasion de venir à Dakar (ce que je vous souhaite!), faites-moi signe je vous donnerai ses coordonnés, passez lui dire bonjour de ma part!

Je suis très heureuse de cette expérience unique et fière d’avoir mener jusqu’au bout ce projet un peu fou… avec le boulot, les cours, les travaux d’équipe, les examens, le bénévolat, la famille, les amis… ce fut une année plutôt remplie, inattendue (à pareille date l’an dernier, quelque part dans les rizières de Bali, jamais je n’aurais pu prédire les 12 derniers mois!) mais combien enrichissante.

Déjà, le retour des Managers sans frontières au pays a commencé… paraît que c’est pas facile… choc du retour que ça s’appelle… faut passer par là à ce que j’ai lu. Et comme il faut revenir pour pouvoir repartir… on n’y échappe pas!

Mais une chose à la fois, il me reste encore toute une semaine ici et déjà le w-e s’annonce bien avec apéro & coucher de soleil prévu, ce soir, aux Almadies, le point le plus à l’ouest de toute l’Afrique!

24 juillet, 2006

Batik, Baobab… et bla bla

Pour cette avant-dernière fin de semaine sénégalaise, Gabrielle nous a reçues, 2 autres coopérantes canadiennes et moi-même, à Mbour. Elle nous avait concocté un petit forfait ma foi digne du Club Med! Quoi de mieux pour lancer les festivités qu’un party pyjamas avec au programme un bon film de filles, visionné sur un ordinateur, à 4 dans un lit double!


Samedi matin, Thérèse (la dame chez qui Gabrielle loge) et son fils Guillaume nous ont enseigné à faire du batik. Il s’agit en fait de teindre du tissu en l’ayant au préalable orné de dessins à l’aide de tampons et de cire chaude. Là où il y a de la cire, il n’y aura pas de teinture, donc les motifs apparaîtront en crevé de la couleur originale du tissu.

Processus somme toute pas très sorcier, mais le contexte ajoute un peu de piquant à la sauce!


D’entrée de jeu, oubliez l’atelier avec réchauds électriques (pour la cire) et tables pour étendre, tailler, décorer les tissus. Nous nous installons dans la cours de la maison, à même le sol, la cire chauffe sur un réchaud au charbon (on n’était pas en 2006 aux dernières nouvelles?!), et on sort dans la rue quand vient le temps de teindre les tissus. On y installe même une corde-à-linge de fortune (corde tendue entre 2 troncs d’arbres plantés dans le sol- vive les rues en sable!)














Dimanche, on quitte le plancher des vaches pour aller défier la gravité à Accro-Baobab…

la réplique sénégalaise du concept d’arbre en arbres ou, si vous préférez, une piste d’hébertisme géante qui vous fait passer (par les airs) d’un baobab à l’autre! Pont de corde, tyrolienne, escalade, billots suspendus entre ciel et terre, il ne manquait que Tarzan!
















Dimanche soir, de retour dans ma petite chambre de la Patte d’oie. Mes voisins viennent de me faire une visite de courtoisie, simplement pour dire bonjour, prendre des nouvelles… c’est chouette les visites des voisins… à Québec je ne visite pas mes voisins…


Il a plu vendredi dernier… on pourrait croire que dans un pays où il fait toujours beau la température n’est pas au nombre des sujets que l’on aborde à tout vent… et pourtant! À pareille date l’an dernier, Dakar était inondée, on se promenait en zodiak dans les rues. Des types vous offraient, paraît-il, de vous faire traverser certaines rues sur leurs épaules (moyennant rétribution!!) tellement le niveau était élevé! Vendredi, c’était la 3e fois qu’il pleuvait depuis le 16 mai… l’hivernage (saison des pluies) se fait attendre! J’avoue que je ne suis pas aussi impatiente que d’autres de le voir arriver, car quand il pleut, même peu, ça devient vite infernal. D’abord, le sable qu’il y a partout devient plutôt boueux et côté drainage il y a du progrès à faire. Sur le chemin que j’emprunte quotidiennement pour aller au bureau, il y a une intersection qui prend 2 voir 3 jours à se drainer après quelques malheureuses heures de pluie (peut-être même que ça sèche avant d’être drainé?)… imaginez quand il pleut à tous les jours… Avec les déchets qui jonchent les rues ici, imaginez la soupe!


On a eu un aperçu des dégâts en se rendant à Mbour vendredi. À certains endroits j’ai bien cru que ça ne passerait pas, il y avait de l’eau presque à la hauteur des portes de la voiture… et il a plu quoi, 3 ou 4 heures!? Je compatis avec tous ces gens qui ont leur petite échoppe sur la route, qui protègent leur marchandise comme ils le peuvent avec des plastiques qui tiennent, on se demande comment en fait! Ces gens, dont les maisons sont nécessairement inondées, ça ne peut faire autrement à voir la configuration des rues, des quartiers, de l’écoulement des eaux… Et à chaque année que le bon dieu amène, rebelotte les pieds dans la flotte! Ça me dépasse qu’il n’y ait pas plus de mesures pour faire face à la fatalité, pour ne pas autant la subir. Je sais bien que c’est une question de moyens, mais est-ce uniquement une question de moyens? Je me le demande… n’y a-t-il pas aussi une question d’attitude? De mentalité? De façon de voir la vie? Chez nous, on a peut-être versé dans un autre extrême pour contrôler notre environnement. Pas question que l’homme n’ait pas le dessus sur tout! Ici, c’est plutôt Incha Allah et c’est bon dans tout un paquet de choses, mais pour faire face aux inondations annuelles, j’ose émettre un doute.

19 juillet, 2006

Dernier droit…

Le temps passe vite! Déjà j’en suis à la fin de mon mandat. J’ai l’impression qu’hier à peine je foulais la terre africaine pour un périple qui me semblait d’une longueur appréciable… 3 mois! C’est rien finalement! Le sprint final s’amorce donc! Encore 8 jours de travail, suivis de 3 jours de formation en plaidoyer (en espérant que mes collègues y verront autant d’intérêt que moi… quelle heureuse coïncidence que le CECI nous offre cette formation en pleine démarche de recherche de financement!), et un dernier jour pour dire au revoir, boucler les valises (ô misère!), et là s’achèvera mon aventure sénégalaise!

D’ici là, je ne chômerai pas! Je veux revoir, corriger, améliorer les plans de projets que l’ANAFA compte présenter aux bailleurs de fonds. Il y en a près d’une dizaine, c’est faisable. Encore faut-il que de leur côté ils suivent le pas et lisent, approuvent, amendent les suggestions que je leur soumets de façon à ce que je puisse rendre des documents finaux dans les temps! Défi!

Depuis deux semaines, je leur impose un peu la manière occidentale de mener un projet : réunions hebdomadaires de suivi, compte-rendu des dites-réunions avec tâches à accomplir, responsable et échéance… Je les suis, je les talonne… quand on sait que, pour l’ANAFA, ce financement fera la différence entre rester en vie ou fermer les portes!

Je sympathise de plus en plus avec les gens du bureau. On s’arrête pour me parler, j’en apprends toujours un peu plus sur leur vie, leur culture, leur art… c’est vraiment enrichissant. Évidemment, on en profite pour me demander si, à mon retour au pays, je ne pourrais pas les aider dans leurs projets personnels en leur donnant des contacts dans tel ou tel domaine, mais c’est fait gentiment, alors ça va.

Il reste peu de temps et je compte bien en profiter autant que possible pour visiter, découvrir, apprendre, emmagasiner les souvenirs et vous en faire partager le maximum!

12 juillet, 2006

Bienvenue au Sénégal, pays de la téranga!

Je voulais voir l’Afrique profonde, l’Afrique des africains, et je ne fus pas déçue! Le w-e dernier, avec Gabrielle, nous sommes parties 4 jours en brousse. Grâce à un contact de son patron et logeur, nous avons fait la connaissance de Diary, une femme merveilleuse, d’une générosité sans borne, qui nous a accueillies chez elle comme des reines.

Elle habite Toubacouta, tout petit village du Sine Saloum, une région côtière à 4 heures de route au sud de Dakar. Par le plus grand des hasards (le hasard existe-t-il vraiment?) elle était à Dakar la semaine dernière et rentrait chez elle vendredi. Elle a gentiment accepté que nous l’accompagnions jusqu’à Toubacouta, nous a trouvé un hôtel où loger (gratuitement!), nous a accueillies chez elle pour manger, tous les jours, 2 fois par jour, nous a traitées comme si nous étions de la famille!

Vendredi matin, nous passons la prendre en taxi, direction gare routière où nous devons prendre un taxi à 7 (genre de voiture familiale avec 2 banquettes arrière, où s’entassent 7 passagers plus le chauffeur). Comme partout à Dakar, c’est le chaos, il y a des centaines de voitures à destination de toutes les régions du pays, des vendeurs de tout partout, des enfants qui mendient, des voyageurs… en tant que toubab, on devient facilement une cible de choix! Nous sommes finalement bien heureuse d’être avec Diary qui a l’habitude de la gare, repère rapidement un type qu’elle connaît qui nous désigne une voiture. On y monte, il y a déjà un passager… nous attendrons une quinzaine de minutes qu’elle affiche complet, et c’est un départ…

Comme vous le savez déjà, j’habite un quartier de Dakar qui s’appelle la Patte d’oie. C’est à la sortie de la ville, qui n’en compte qu’une seule, donc passage obligé. Il s’est écoulé 2 heures entre notre départ de la maison pour aller rejoindre Diary et le moment où on repassait par la Patte d’oie, à bord du taxi à 7, direction Toubacouta… 2 heures plus tard, retour à la case départ! Il est 12h30.

Nous étions en fait 9 plus le chauffeur dans le taxi à 7! Car une dame à l’arrière avait sa petite fille de moins de 2 ans avec elle, et Diary a récupéré en route son petit dernier, Daby, 3 ans… qui deviendra mon ami!





Le voyage se déroule bien. Il fait chaud, mais on survit, fenêtres ouvertes… le paysage verdit au fur et à mesure qu’on descend vers le sud, les petits villages africains à cases de paille, comme on les voit dans les documentaires, se succèdent.

On arrive à Toubacouta vers 16h30, Diary nous invite chez elle. On va manger, ensuite elle nous emmènera au village voir l’hôtel qu’elle nous a trouvé. Elle nous offre aussi le gîte si on préfère… on ne sait trop que faire… on ne veut ni la déranger, ni l’insulter en refusant son invitation… elle nous dit d’y réfléchir on en reparlera après le repas. On n’a jamais si bien fait de ne pas prendre une décision hâtive! On ne savait pas trop à quoi ressemblait l’hôtel, mais quand on a vu la maison…

Après 4 heures à 10 dans une voiture, à plus de 30 degrés dehors, on n’a qu’une envie : prendre une douche! Et ce sera à la sénégalaise, de nous dire Diary. Il n’y a pas l’eau courante chez elle. Elle doit aller au puit tous les jours. Alors, on se douche à la louche! Si la douche est sénégalaise, les toilettes sont turques… inutile d’entrer dans les détails! Il y a par contre l’électricité, une antenne, une télé, on a donc pu suivre la Coupe du monde de foot pour ceux qui s’en inquiétaient! La vie se passe à l’extérieur… la lessive, la cuisine (pas de brûleur au gaz, elle cuisine sur du charbon!), on y mange, on y prie, on s’y repose… par terre! On se sentait dans un reportage du Discovery Channel!

On opte finalement pour ce que Diary appelle un campement… un peu inquiète, Gabrielle s’enquit de ce qu’elle entend par campement (nous on avait des images de tente et de feu de camp... pas sûre!!!). Elle nous rassure, ce sont des cases construites en dur, avec l’eau courante, l’électricité, même la clim et presque de l’eau chaude! (Merci à Allah qui réchauffe l’eau dans le puit toute la journée!) On y sera très bien! Une fois la bamboula du samedi soir terminée à l’hôtel d’à côté on a pu entendre les hyènes crier… (moi depuis L’Histoire de Pi, j’avoue que j’entretiens une certaine aversion pour ne pas dire une aversion certaine envers ces bêtes… mais c’est une autre histoire… Finalement, au son, ça ressemble à des loups!)

Samedi matin 9h00, Moussa (notre guide pour le w-e, un ami de Diary) arrive dans sa jeep, nous grimpons à l’arrière, et nous partons à la découverte de Missirah, petit village où l’on retrouve un fromager (c’est un arbre!) vieux de plus de 1000 ans!

Nous sommes l’attraction du village, les enfants nous suivent partout, nous envoient la main, nous crient : « Toubab! Toubab! ». Je n’ai jamais tant dit bonjour en souriant et en saluant de la main de toute ma vie… ça m’a réconciliée un peu avec mon rêve déçu de devenir duchesse du Carnaval…




Après, le fromager, on retourne chez Diary pour manger… encore et beaucoup! C’est délicieux. On se permet une petite sieste à l’ombre d’un arbre, là, dehors, sur la natte, dans la cour.


17h00, c’est l’heure de… non pas l’heure de l’apéro. Ici ce concept n’existe pas! C’est l’heure de la balade en pirogue dans les bolongs, au milieu des palétuviers (une espèce de mangrove, ces arbres qui poussent dans l’eau, qui ont de très longues racines, comme on en a vu en République Dominicaine… pour ceux qui étaient du voyage!). On s’arrête sur une île de coquillages vieille de 1700 ans et on termine le tout par le reposoir, endroit où des tas d’oiseaux se rendent pour passer la nuit : des aigrettes, des martins pêcheurs, des cormorans, des pélicans… je voulais voir des cigognes, mais elles ne sont pas passées!

Le soir, rebelotte on mange chez Diary. Mon premier couscous sénégalais… moi qui aime tant le marocain (et le tunisien évidemment!), j’avais hâte de goûter le couscous sénégalais. D’entrée de jeu précisons qu’il est fait avec du mil et non de la semoule de blé… et c’est là que le bât blesse… la texture! Le goût de la sauce était très bon, mais la texture a eu raison de moi… et quand Diary nous a offert du gros intestin d’agneau (ou d'un autre quadripède, je ne me souviens plus très bien..), alors Gab aussi a rendu les armes! La nourriture sénégalaise est délicieuse et bien relevée, mais le mil, en ce qui me concerne, l’essayer ce n’est pas l’adopter! (la veille c’était le poisson, gisant au centre du plat commun, qui nous regardait avec ses yeux de merlans frits pendant qu’on mangeait!!)



Au programme de dimanche: tour en pirogue qui nous a mené au village de Syppo, dirigé par une femme qu’on appelle la reine de Syppo. Elle nous a invitées dans sa case, une hutte en bambou, de quelques centimètres carré, avec un toit de paille et une paillasse (on n'oserait appeler ça un lit!) au sol. On a enlevé nos chaussures avant d'entrer, plus par déférence et respect des moeurs locales que par soucis de propreté! Inutile de vous dire qu’il n’y a pas l’eau courante! Mais ils ont un puits depuis peu… avant, il ramassait l’eau de pluie, je pense… (mais quelle pluie?!?!) et ils ont des capteurs solaires pour l’électricité (faut bien pouvoir suivre le foot!). Le village m’a fait pensé à celui des irréductibles Gaulois! Pour se rendre au village voisin, Bambougn, on a fait un tour de charrette-extrême, tirée par un âne et conduite par un garçon de 8 ans! On a bien ri...et rebondi!



Pour la dernière soirée, on a quitté le Discovery Channel pour le Canal Évasion et sommes allées dans un bel hôtel du coin profiter de la piscine, de la vue sur les bolongs, de la télé (finale de foot oblige!) et d’un bon petit repas… plus léger que le riz et le poisson ou le poisson et le riz.




Ce fut un w-e paisible, vert, au grand air, à écouter les oiseaux, à marcher, à rire, à prendre son temps… un w-e sans bouchon de circulation, sans taxi qui klaxonnent, sans vendeurs de tout partout… un w-e hors du temps, un retour dans le temps…

Retour lundi vers Dakar la bruyante, la sale, la polluée. Dakar ma ville... pour encore un mois, même pas!


Pensées à digérer...
À la fin de ces 4 jours hors du commun, on ne savait plus comment remercier Diary pour son hospitalité, sa générosité. Elle qui ne possède que peu de biens, qui trime dur pour faire vivre sa famille de 4 enfants (elle est veuve depuis près de 4 ans!), ne nous connaissant ni d'Adam ni d'Ève, elle nous a ouvert sa maison et nous a accueillies généreusement et simplement. Après maintes tergiversations, nous avons conclu qu'il serait déplacé de lui donné froidement de l'argent pour la remercier, alors nous lui avons proposé de payer le voyage de son fils qui devait se rendre à Dakar avec nous (ce qu'elle a accepté) et lui avons offert des crédits pour son téléphone cellulaire. Elle ne s'attendait pas à ça, a été touchée par le geste et a accepté de bon coeur.

Assise par terre, sur la natte, à regarder le temps passer, je me suis demandé si nous avions raison d'être là, avec nos beaux principes d'efficacité, toujours plus vite, toujours plus loin, notre course incessante vers l'acquisition de biens qu'on empile et qu'on entasse... Est-ce qu'on fait du développement pour les attirer dans notre modèle de vie? Vaut-il vraiment la peine d'être reproduit à grande échelle? La vie n'est pas facile ici, les gens travaillent d'une étoile à l'autre pour gagner leur pitance, parfois maigre, sans sécurité pour l'avenir, mais c'est un peuple heureux et rieur. Je pense qu'on peut effectivement donner un coup de main et avoir un effet positif sur les populations que l'on vient aider... mais jusqu'où doit aller la modernisation de ces civilisations? Je sais pas, je sais plus...

04 juillet, 2006

Girls just wanna have fun!?

J’ai passé un w-e passablement occupé à Dakar. Vendredi après le boulot, j’avais rendez-vous avec Adji pour aller au marché Sandaga, un des plus gros de Dakar, au centre. Je m’y étais déjà aventurée une fois avec Évelyne, un dimanche après-midi (erreur!) pendant un match de foot (re-erreur!). 2 boutiques sur 3 étaient fermées et nous étions les seules clientes, toubab (blanches, étrangères) de surcroît!! Ils ont vite flairé la bonne affaire!! Impossible de se promener tranquilles, de fouiller, de flâner comme on a envie de le faire le dimanche après-midi au marché!

J’ai donc remis ça vendredi, me disant qu’avec Adji, ce serait différent… et différent ce fut! On n’a pas échappé au « guide auto-proclamé » qui nous assaille avant qu’on ait mis le pied hors du taxi, mais je me sentais beaucoup moins vulnérable avec mon amie. Il veut nous emmener dans sa boutique, nous explique où c’est (évidemment il a les plus beaux tissus et les meilleurs prix du monde entier!), Adji lui dit que c’est la boutique de son oncle dont il parle, le gars ne la croit pas… et pourtant, c’était bel et bien la boutique de son oncle! (Il sera judicieux de préciser qu’ici tout le monde est l’oncle-neveu-cousin-du-pot-au-beurre de la fesse gauche de tout le monde!) Je trouve ce que je cherche, ou à peu près, on demande les prix. Ouch! Vraiment, mais vraiment trop cher! Même au Québec on aurait trouvé ça cher!

Adji, commence à discuter (en Wolof, j’y comprends rien! Mais je sens que le ton monte et que les prix ne descendent pas très vite- ils disent les chiffres en français)… Adji commence à perdre patience, elle s’énerve! J’aimerais tant avoir la traduction simultanée!! Ça dure facilement une quinzaine de minutes! L’oncle en question passe par là, demande ce qui ne va pas, et dit à son employé d’accepter le prix d’Adji! Et v’lan! L’employé me dit à 2 reprises qu’Adji défend bien mes intérêts… moi, je ne demande qu’à le croire!

À la sortie de la boutique, elle me dit que le mec lui disait d’arrêter de négocier, qu’en tant que Toubab je peux bien payer un peu plus cher!!! Adji était hors d’elle! Elle connaît les prix des tissus (c’est son pain et son beurre!) et elle n’acceptait pas que je paye plus que le prix du marché juste parce que je suis blanche! De retour à la maison, elle avait la même fouge quand elle a raconté l’incident à Malick (son mari)!!

Après le souper, j’ai accompagné Adji pour acheter du poisson. Je n’ai malheureusement pas de photos à vous montrer (pas osé en prendre!), mais je vais tenter de vous décrire la scène… Tout à côté de chez moi, il y a un boulevard important… c’est LA route pour sortir de Dakar. Beaucoup, beaucoup de circulation!!! 2 voies dans chaque direction, séparées par un terre-plein en sable, large de 1 mètre ½ environ avec de petits garde-fous. Et là, sur le terre-plein et sur le bas côté du boulevard, sur une bâche, à même le sol : le poisson! Entier! Des gros, des petits, des longs, des ronds, des rouges, des blancs… Les femmes (car il n’y a pratiquement que des femmes au marché) sont assises par terre ou sur un banc et vendent leur marchandise.

Il était 21h15, il y avait foule! Adji choisit son poisson, en négocie le prix (farouche négociatrice cette fille!). La fille met le poisson dans un sceau en plastique, l’apporte un peu plus loin, à l’écart (pas juste de la foule, de la lumière aussi!) pour qu’il soit préparé. Une autre fille (jeune vingtaine maxi!) prend les poissons, les vide, enlève les écailles, la queue, à grands coups de machettes ou autres outils en bois qui semblent dater de Mathusalem (toujours accroupie, inutile de préciser!). Vous devriez les voir, elles vous vident un poisson dans le temps de le dire! Et les restes qui s'accumulent et s'empilent, à leurs pieds, à mesure que la journée passe...

J’ai essayé de m’imaginer avec mes amies à la place de ces femmes-là… pas sûre!!! Je ne pouvais que ressentir de l’admiration pour ces filles, ces femmes, assises là toute la journée, au soleil, bébé dans le dos, au milieu des poissons et des pots d’échappement des voitures, des autobus, des camions… à gagner leur pitance, jour après jour, dans des conditions qu’avec nos yeux occidentaux on qualifie d’inacceptables. Et ça rit, ça discute, ça s’agace… L’ambiance est à la fête! Pour ceux qui se le demandent, j’en ai mangé de ce poisson et je suis toujours en vie!!!

Gabrielle et Rosy sont arrivées en matinée samedi, pour passer le w-e à Dakar. On s’est offert une virée en ville pour aller faire quelques courses, bouquiner à la librairie (denrée rare ici!!) et à 17h00, nous étions invitées à accompagner Adji à une réunion d’une association de femmes impliquées en politique, le maire de Dakar y était attendu… c’est tout ce qu’on a réussi à saisir de la chose!

Dans ce genre de manifestation les femmes s’habillent toutes de la même façon, elles choisissent un tissu et se font faire des boubous (costumes traditionnels) dont les modèles peuvent varier, et Adji a eu le contrat pour en confectionner quelques uns. Mais on ne pouvait aller là sans nous-mêmes porter le costume traditionnel!

Elle nous a donc prêté chacune un de ses boubous! On a beau dire, on a beau faire, la sénégalaise a un petit je ne sais quoi qui nous manque… et en boubou ça ne pardonne pas! Est-ce leur teint? Leur démarche? Leur port de reine? Je ne sais pas, mais nous on fait un peu déguisées (à mon humble avis!). Mais on a joué le jeu et ce fut une expérience culturelle intéressante que de prendre part à l’événement.














Et la soirée ne faisait que commencer… car c’était soir de fête : celle de Gabrielle! Souper dans un resto italien, avec groupe capverdien live, suivi de « Kool Graoul », une soirée qui a lieu le premier samedi de chaque mois, en plein air, sur le bord de l’océan! On a dansé, on s’est bien amusé! Les autres coopérants canadiens étaient également de la partie.

Adji nous a accompagnées. J’étais contente, car j’ai l’impression que sa vie sociale se limite à sa famille et les amis et collègues de son mari. Elle a « demandé la permission » à Malick (ce sont ses paroles à elle!) et comme on a promis de rentrer en taxi avec elle, il a accepté qu’elle vienne. Et on l’a laissé à la maison avec les enfants!!!! (finalement, y'a pas que moi qui vis une expérience interculturelle dans cette histoire-là!!)

À 3h00, bien que la soirée battait son plein et ne faisait que commencer, malgré les amis qui voulaient qu’on reste, nous sommes parties, Gab et moi, honorant notre promesse. Adji m’a dit qu’elle ne pouvait pas rester plus tard. Si elle voulait que Malick accepte qu’elle sorte à nouveau, elle se devait de rentrer à l’heure prévue! Elle a 30 ans cette fille!!! Elle a avec son mari le même rapport que j’avais avec mon père quand j’avais 15 ans et que je sortais le samedi soir! Je comprends qu'elle craigne de rentrer seule en taxi si tard, moi non plus je n'aurais pas aimé, mais avoir peur de ne plus avoir de permission pour sortir! Ça fait réfléchir…


Dimanche, pour couronner un si beau w-e, spectacle quasi privé de nul autre que Youssou N’dour! Dans la cour arrière d’un hôtel, face à une piscine, sous les palmiers, au clair de lune : Youssou N’Dour « unplugeded »!

En faisant abstraction des téléphones qui sonnaient à tout moment (fréquent ici, même en pleine réunion!), des gens qui bavardaient sans arrêt, du fumeur de cigare juste devant nous, la soirée était tout simplement parfaite…