12 juillet, 2006

Bienvenue au Sénégal, pays de la téranga!

Je voulais voir l’Afrique profonde, l’Afrique des africains, et je ne fus pas déçue! Le w-e dernier, avec Gabrielle, nous sommes parties 4 jours en brousse. Grâce à un contact de son patron et logeur, nous avons fait la connaissance de Diary, une femme merveilleuse, d’une générosité sans borne, qui nous a accueillies chez elle comme des reines.

Elle habite Toubacouta, tout petit village du Sine Saloum, une région côtière à 4 heures de route au sud de Dakar. Par le plus grand des hasards (le hasard existe-t-il vraiment?) elle était à Dakar la semaine dernière et rentrait chez elle vendredi. Elle a gentiment accepté que nous l’accompagnions jusqu’à Toubacouta, nous a trouvé un hôtel où loger (gratuitement!), nous a accueillies chez elle pour manger, tous les jours, 2 fois par jour, nous a traitées comme si nous étions de la famille!

Vendredi matin, nous passons la prendre en taxi, direction gare routière où nous devons prendre un taxi à 7 (genre de voiture familiale avec 2 banquettes arrière, où s’entassent 7 passagers plus le chauffeur). Comme partout à Dakar, c’est le chaos, il y a des centaines de voitures à destination de toutes les régions du pays, des vendeurs de tout partout, des enfants qui mendient, des voyageurs… en tant que toubab, on devient facilement une cible de choix! Nous sommes finalement bien heureuse d’être avec Diary qui a l’habitude de la gare, repère rapidement un type qu’elle connaît qui nous désigne une voiture. On y monte, il y a déjà un passager… nous attendrons une quinzaine de minutes qu’elle affiche complet, et c’est un départ…

Comme vous le savez déjà, j’habite un quartier de Dakar qui s’appelle la Patte d’oie. C’est à la sortie de la ville, qui n’en compte qu’une seule, donc passage obligé. Il s’est écoulé 2 heures entre notre départ de la maison pour aller rejoindre Diary et le moment où on repassait par la Patte d’oie, à bord du taxi à 7, direction Toubacouta… 2 heures plus tard, retour à la case départ! Il est 12h30.

Nous étions en fait 9 plus le chauffeur dans le taxi à 7! Car une dame à l’arrière avait sa petite fille de moins de 2 ans avec elle, et Diary a récupéré en route son petit dernier, Daby, 3 ans… qui deviendra mon ami!





Le voyage se déroule bien. Il fait chaud, mais on survit, fenêtres ouvertes… le paysage verdit au fur et à mesure qu’on descend vers le sud, les petits villages africains à cases de paille, comme on les voit dans les documentaires, se succèdent.

On arrive à Toubacouta vers 16h30, Diary nous invite chez elle. On va manger, ensuite elle nous emmènera au village voir l’hôtel qu’elle nous a trouvé. Elle nous offre aussi le gîte si on préfère… on ne sait trop que faire… on ne veut ni la déranger, ni l’insulter en refusant son invitation… elle nous dit d’y réfléchir on en reparlera après le repas. On n’a jamais si bien fait de ne pas prendre une décision hâtive! On ne savait pas trop à quoi ressemblait l’hôtel, mais quand on a vu la maison…

Après 4 heures à 10 dans une voiture, à plus de 30 degrés dehors, on n’a qu’une envie : prendre une douche! Et ce sera à la sénégalaise, de nous dire Diary. Il n’y a pas l’eau courante chez elle. Elle doit aller au puit tous les jours. Alors, on se douche à la louche! Si la douche est sénégalaise, les toilettes sont turques… inutile d’entrer dans les détails! Il y a par contre l’électricité, une antenne, une télé, on a donc pu suivre la Coupe du monde de foot pour ceux qui s’en inquiétaient! La vie se passe à l’extérieur… la lessive, la cuisine (pas de brûleur au gaz, elle cuisine sur du charbon!), on y mange, on y prie, on s’y repose… par terre! On se sentait dans un reportage du Discovery Channel!

On opte finalement pour ce que Diary appelle un campement… un peu inquiète, Gabrielle s’enquit de ce qu’elle entend par campement (nous on avait des images de tente et de feu de camp... pas sûre!!!). Elle nous rassure, ce sont des cases construites en dur, avec l’eau courante, l’électricité, même la clim et presque de l’eau chaude! (Merci à Allah qui réchauffe l’eau dans le puit toute la journée!) On y sera très bien! Une fois la bamboula du samedi soir terminée à l’hôtel d’à côté on a pu entendre les hyènes crier… (moi depuis L’Histoire de Pi, j’avoue que j’entretiens une certaine aversion pour ne pas dire une aversion certaine envers ces bêtes… mais c’est une autre histoire… Finalement, au son, ça ressemble à des loups!)

Samedi matin 9h00, Moussa (notre guide pour le w-e, un ami de Diary) arrive dans sa jeep, nous grimpons à l’arrière, et nous partons à la découverte de Missirah, petit village où l’on retrouve un fromager (c’est un arbre!) vieux de plus de 1000 ans!

Nous sommes l’attraction du village, les enfants nous suivent partout, nous envoient la main, nous crient : « Toubab! Toubab! ». Je n’ai jamais tant dit bonjour en souriant et en saluant de la main de toute ma vie… ça m’a réconciliée un peu avec mon rêve déçu de devenir duchesse du Carnaval…




Après, le fromager, on retourne chez Diary pour manger… encore et beaucoup! C’est délicieux. On se permet une petite sieste à l’ombre d’un arbre, là, dehors, sur la natte, dans la cour.


17h00, c’est l’heure de… non pas l’heure de l’apéro. Ici ce concept n’existe pas! C’est l’heure de la balade en pirogue dans les bolongs, au milieu des palétuviers (une espèce de mangrove, ces arbres qui poussent dans l’eau, qui ont de très longues racines, comme on en a vu en République Dominicaine… pour ceux qui étaient du voyage!). On s’arrête sur une île de coquillages vieille de 1700 ans et on termine le tout par le reposoir, endroit où des tas d’oiseaux se rendent pour passer la nuit : des aigrettes, des martins pêcheurs, des cormorans, des pélicans… je voulais voir des cigognes, mais elles ne sont pas passées!

Le soir, rebelotte on mange chez Diary. Mon premier couscous sénégalais… moi qui aime tant le marocain (et le tunisien évidemment!), j’avais hâte de goûter le couscous sénégalais. D’entrée de jeu précisons qu’il est fait avec du mil et non de la semoule de blé… et c’est là que le bât blesse… la texture! Le goût de la sauce était très bon, mais la texture a eu raison de moi… et quand Diary nous a offert du gros intestin d’agneau (ou d'un autre quadripède, je ne me souviens plus très bien..), alors Gab aussi a rendu les armes! La nourriture sénégalaise est délicieuse et bien relevée, mais le mil, en ce qui me concerne, l’essayer ce n’est pas l’adopter! (la veille c’était le poisson, gisant au centre du plat commun, qui nous regardait avec ses yeux de merlans frits pendant qu’on mangeait!!)



Au programme de dimanche: tour en pirogue qui nous a mené au village de Syppo, dirigé par une femme qu’on appelle la reine de Syppo. Elle nous a invitées dans sa case, une hutte en bambou, de quelques centimètres carré, avec un toit de paille et une paillasse (on n'oserait appeler ça un lit!) au sol. On a enlevé nos chaussures avant d'entrer, plus par déférence et respect des moeurs locales que par soucis de propreté! Inutile de vous dire qu’il n’y a pas l’eau courante! Mais ils ont un puits depuis peu… avant, il ramassait l’eau de pluie, je pense… (mais quelle pluie?!?!) et ils ont des capteurs solaires pour l’électricité (faut bien pouvoir suivre le foot!). Le village m’a fait pensé à celui des irréductibles Gaulois! Pour se rendre au village voisin, Bambougn, on a fait un tour de charrette-extrême, tirée par un âne et conduite par un garçon de 8 ans! On a bien ri...et rebondi!



Pour la dernière soirée, on a quitté le Discovery Channel pour le Canal Évasion et sommes allées dans un bel hôtel du coin profiter de la piscine, de la vue sur les bolongs, de la télé (finale de foot oblige!) et d’un bon petit repas… plus léger que le riz et le poisson ou le poisson et le riz.




Ce fut un w-e paisible, vert, au grand air, à écouter les oiseaux, à marcher, à rire, à prendre son temps… un w-e sans bouchon de circulation, sans taxi qui klaxonnent, sans vendeurs de tout partout… un w-e hors du temps, un retour dans le temps…

Retour lundi vers Dakar la bruyante, la sale, la polluée. Dakar ma ville... pour encore un mois, même pas!


Pensées à digérer...
À la fin de ces 4 jours hors du commun, on ne savait plus comment remercier Diary pour son hospitalité, sa générosité. Elle qui ne possède que peu de biens, qui trime dur pour faire vivre sa famille de 4 enfants (elle est veuve depuis près de 4 ans!), ne nous connaissant ni d'Adam ni d'Ève, elle nous a ouvert sa maison et nous a accueillies généreusement et simplement. Après maintes tergiversations, nous avons conclu qu'il serait déplacé de lui donné froidement de l'argent pour la remercier, alors nous lui avons proposé de payer le voyage de son fils qui devait se rendre à Dakar avec nous (ce qu'elle a accepté) et lui avons offert des crédits pour son téléphone cellulaire. Elle ne s'attendait pas à ça, a été touchée par le geste et a accepté de bon coeur.

Assise par terre, sur la natte, à regarder le temps passer, je me suis demandé si nous avions raison d'être là, avec nos beaux principes d'efficacité, toujours plus vite, toujours plus loin, notre course incessante vers l'acquisition de biens qu'on empile et qu'on entasse... Est-ce qu'on fait du développement pour les attirer dans notre modèle de vie? Vaut-il vraiment la peine d'être reproduit à grande échelle? La vie n'est pas facile ici, les gens travaillent d'une étoile à l'autre pour gagner leur pitance, parfois maigre, sans sécurité pour l'avenir, mais c'est un peuple heureux et rieur. Je pense qu'on peut effectivement donner un coup de main et avoir un effet positif sur les populations que l'on vient aider... mais jusqu'où doit aller la modernisation de ces civilisations? Je sais pas, je sais plus...

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Il n'y a qu'un mot après ce récit fort imaginé et cette réflexion qui conclut admirablement bien...: OUF!

Le retour va être qq chose....on s'en reparle
Bises
MAF

7:55 p.m.  
Anonymous Anonyme said...

Merci pour le récit, merci pour les photos, c'est vraiment intéressant.

Quel beau voyage tu fais !

8:17 a.m.  
Blogger Julie said...

salut
j'ai passé deux ans à Dakar en mission de developpement
et le plus difficile c'est justement de ne pas reproduire notre forme de developpement. Qui on est pour juger que c'est le meilleur développement possible!!! on arrive a l'étranger dans un environnement et un systeme qui fonctionne, pas comme chez nous, mais qui fonctionne. L'améliorer est plus que nécessaire, sinon il n'y aurait pas tant de besoin. Le plus chaud c'est d'adapter qque une de nos pratiques à leur besoin,à leur systeme. c'est déstabilisant, c'est fatigant, car on doit et on se doit de se remettre en cause a chaque seconde, mais si on veut faire qque chose de perein qui dure , y a pas d'autre moyen. sinon j'avais passé une semaine pas loin de Toubacouta, et ça été l'une des meilleure semaine de mon séjour, loin de Dakar la moche!!! un vrai paradis sur terre. en tout ca merci de ton témoignage. Perso le couscous au mil bien préparé, t'en redemande, mais le poisson frit au petit déj' je m'y suis jamais habituée :))
bonne continuation

3:28 a.m.  
Anonymous Anonyme said...

Merci de ce récit qui me rappelle mon séjour à Toubacouta. Vu aussi la reine de Sippo. Mon premier contact avec le Sénégal était en formule club, l'Allemagne au soleil,pas la noblesse du vrai Sénégal. Mais Toubacouta et les environs, un vrai paradis que je voudrais rejoindre mais peut-être plus proche encore de l'habitant que la formule hôtel. Beaucoup de photos, une expérience à partager et conseiller. Bon voyage à tous

5:05 p.m.  

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